hello darkness, my old friend

(001.) Elle est l'avant dernière de la fratrie, arrivée après tant d'enfants qu'elle a voulu trouver sa place parmi les plus grands, exister à leurs yeux mais surtout à ceux des parents. Petite diablesse venue au monde, elle a tout fait pour attirer l'attention de tous et éclipser la naissance de l'enfant arrivé après elle, qu'elle a essayé de tuer à plusieurs reprises, en vain.  (002.) Asia a toujours nourri une fascination morbide et déplacée pour les corps et pour la mort, la nudité et le sang, le sexe et la souffrance. Un millénaire plus tard, elle en a fait son mode de chasse et et ne jure que par le plaisir qu'elle ressent avec ses victimes avant d'ôter la vie. (003.) Humaine, elle était quelqu'un de fragile, qui tombait facilement malade et se blessait sans cesse. Un miracle qu'elle ait survécu aussi longtemps, d'après le guérisseur du village. Elle était trop pâle, trop chétive, inspirait autant de pitié que de crainte à cause de ses manies bizarres et son regard froid. Elle ressent désormais une certaine affection pour les blessés et les malades et ne transforme que des êtres dont le pronostic vital est engagé. Pour les autres, elle ne ressent aucune pitié. (004.) Le nombre de fois où elle est tombée amoureuse durant les mille vingt-sept ans qu'a duré son existence se compte sur les doigts d'une main. Son premier véritable amour est celui dont elle se souviendra probablement pour l'éternité ; c'était une femme, relation évidemment interdite et immorale (plus que d'être un vampire sans doute) qu'elle a sauvé de la mort en la transformant. Elles sont restées ensemble un moment durant lequel Asia lui a appris à se nourrir, et elles ont partagé des moments de douceur et d'intimité là où personne ne pouvait les voir. Et puis elle est partie sans un mot, eta emporté le coeur de Asia avec elle.  (005.) Asia a toujours été une véritable érudite, passionnée d'études et d'apprentissage. Avant que les écoles de renom ne soient accessibles aux femmes, il lui arrivait de se faire passer pour un homme simplement pour les intégrer et avoir droit à un enseignement digne de ce nom, avant d'être démasquée plus ou moins rapidement. Aujourd'hui, elle change d'université (et de lieu) chaque fois qu'elle termine un cursus pour apprendre quelque chose de nouveau, et aussi parce que ses parents le lui ordonnent parce qu'elle a fait trop de victimes autour d'elle et risque de devenir louche. (006.) Asia se fait difficilement des amis. Ou plutôt, elle s'en fait facilement mais ne fait rien pour les retenir ni s'y attacher vraiment. Elle se sert des gens sans se soucier de ce qu'ils peuvent ressentir une fois qu'elle n'a plus besoin d'eux. Rares sont les gens qui ont su toucher son coeur de pierre et l'attendrir. Ceux-là lui font peur, parce qu'elle ignore ce qu'elle pourrait faire pour eux. (007.) Après des années d'absence durant lesquelles elle n'a eu que peu de contact avec sa famille, Asia a réussi à convaincre ses parents qu'elle allait s'assagir un peu et se sentait prête à s'installer à la Nouvelle-Orléans en faisant le moins de victimes possible. Elle s'est réinstallée chez papa-maman pour la première fois depuis longtemps et a vite retrouvé ses habitudes de princesse. (008.) Bien que foncièrement attachée au sentiment de pouvoir et d'invincibilité que procure le gène vampirique, Asia souhaite secrètement que cela prenne fin. Elle ne veut pas mourir, pas redevenir faible et maladive, mais elle commence à être fatiguée. Avoir besoin de sang est une douleur perpétuelle qui commence à la lasser plus qu'à l'extasier. Une part d'elle et de son agressivité est en train de flancher.  (009.) Peu après son arrivée, Asia a fait la rencontre de Romy Goldstein, une humaine de la ville. Avec elle, elle goûte aux joies de l'amitié humaine et à son sang de manière tout à fait clandestine. Chaque jour qui passe, elle l'envoûte afin qu'elle devienne son amie, se délecte de son sang et lui efface la mémoire pour recommencer la fois d'après. Nulle pour se faire réellement des amis ? à peine. (010.) La personne qu'elle hait le plus au monde n'est autre qu'Agata Chvedov, qu'elle rêve d'embrocher au bout d'un pique. Sa famille a beau la chercher sans relâche, leur créatrice reste introuvable. Elle fait bien de se cacher, la garce, parce que le sort qui l'attend est pire que la mort. (011.) Régulièrement, Asia pense à dérober la Dague familiale, relique convoitée par l'ensemble des créatures surnaturelles de la planète, et de se tirer avec. Ne serait-ce pas une merveilleuse idée que de disparaître dans la nature avec une arme aussi puissante ? (012.) La jeune femme n'aime pas grand monde, mais ne déteste personne non plus, si ce n'est Agata, la femme qui l'a laissée tomber, les Banshees et la plupart des familles originelles. Mépriser les autres quelque soit leur statut, ça, par contre, elle sait faire. Elle ressent moins d'animosité pour les humains que pour sa propre race, et les considère comme étant supérieurs aux Banshees, qu'elle a pris un malin plaisir à massacrer et asservir. C'est dire si elle les apprécie. (013.) Asia travaille depuis quelques semaines pour le Casino de la ville,
en tant que barmaid. Ce n'est pas tant le métier qui l'intéresse, mais plutôt l'ambiance qui se dégage du lieu. C'est vicieux, dangereux, et elle trouve ça très érotique. Elle aime autant qu'elle hait les regards des hommes riches et des pauvres qui ne perdent pas espoir qui se posent sur elle à la fin de la soirée.